À la fois membre du conseil de l’Ordre, secrétaire de la commission numérique RGPD et coréférent ordinal à l’Incubateur du barreau de Paris, Éric Le Quellenec dresse le bilan de la Journée numérique du barreau de Paris qui s’est tenue pour la première fois au mois de septembre dernier. Entre prise de conscience et accélération de la numérisation de la profession, les avocats ont entre leurs mains plusieurs cartes à jouer.

Décideurs Juridiques. Pour quelles raisons avoir organisé la première Journée du Numérique du barreau de Paris le 10 septembre dernier ?

Éric Le Quellenec. C’était une promesse de campagne du bâtonnier Olivier Cousi et de Nathalie Roret. Il s’agissait de faire la démonstration concrète que le numérique peut être au service de tous les avocats, quelles que soient leur familiarité ou leur appétence pour ce sujet. Après les webinars en période de confinement (qui ont tout de même réuni de 700 à 1 000 confrères à chaque session) et la plateforme du numérique, ouverte en janvier 2021, les services de l’Ordre, l’Incubateur du Barreau de Paris et l’association des Legaltechs Avotech ont joint leurs efforts pour proposer une journée au format très original à la nouvelle Maison des avocats.

Outre des tables rondes filmées et disponibles sur Facebook, des ateliers par niveaux ont été proposés avec un nombre impressionnant d’intervenants, tandis que legaltechs et services de l’Ordre (directions des systèmes d’information et de la documentation) faisaient la démonstration concrète des services offerts, notamment par des "speed coachings" ouverts sans inscription.

Quels enseignements avez-vous tirés de l’événement ?

L’attente des confrères est grande ; ils sont venus en nombre et toutes les classes d’âge étaient représentées. Les legaltechers nous ont fait part de leur enthousiasme à se retrouver "en vrai", de nouvelles collaborations ont été envisagées dans la foulée de cette journée. Les tables rondes ont fait la démonstration que les avocats sont désormais dans un état d’esprit conquérant, chacun à leur niveau, de l’utilisateur des services qui veut innover dans sa pratique, comme l’avocat qui souhaite se lancer dans une aventure entrepreneuriale numérique. Il manque néanmoins un suivi dans l’acquisition de ces connaissances et leur mise en œuvre pratique. C’est en ce sens que les travaux du plan numérique vont se poursuivre dès l’an prochain avec le mandat de Julie Couturier et de Vincent Nioré. Une journée du numérique est déjà programmée en 2022 avec une approche plus centrée sur les besoins des cabinets que ce soit pour sécuriser leur activité ou l’optimiser au moyen des outils numériques. L’idée portée par un autre membre de la commission numérique, Sandy Mockel, est également de faire des matinées numériques directement en cabinet ou regroupement de cabinets.

Il a récemment été annoncé l’ouverture du cloud sécurisé pour les avocats parisiens. De quoi s’agit-il ?

L’avocat est tenu depuis toujours d’assurer la confidentialité des données de ses clients. En informatique et sur les réseaux, cela passe par une infrastructure sécurisée, je crois que les confrères n’en mesurent pas suffisamment les enjeux déontologiques, réglementaires (respect du RGPD) et de responsabilité civile professionnelle. La solution proposée par le barreau de Paris permet de répondre à tous ces enjeux aussi simplement qu’efficacement. Elle repose sur une solution souveraine reconnue par l’agence de cybersécurité française, l’Anssi et conforme à son référentiel SecNumCloud.

"Une journée du numérique est déjà programmée en 2022 avec une approche davantage centrée sur les besoins des cabinets"

Elle a déjà été mise à disposition des confrères intervenus dans les affaires Charlie Hebdo et des attentats du 13 novembre 2015. La solution sera ouverte à un tarif préférentiel aux confrères parisiens.

Pourquoi est-il si important que les avocats se saisissent des outils numériques ?

Ils n’en ont tout simplement pas le choix. On l’a vu en période de confinement, on le voit dans de nombreux domaines où parfois le client doté d’un outil de justice prédictive n’est pas loin d’en savoir presque autant que son conseil… Pour qu’il n’y ait pas de décrochage des avocats avec réduction de parts de marché et peut-être même du périmètre du droit, c’est maintenant qu’il faut s’emparer de ces nouveaux outils pour gagner en rapidité et pertinence pour ce qui est des conseils délivrés. Le plan numérique a prouvé aux avocats les bienfaits du numérique que ce soit pour gagner en productivité, fidéliser sa clientèle et la développer. Aucun outil ne remplacera jamais l’avocat mais le numérique fait son succès. Cette démarche vertueuse et le dynamisme du barreau de Paris seront d’ailleurs mis à l’honneur lors du Paris Legal Makers, le 6 décembre prochain au palais Brongniart. Cet événement qui réunit de nombreux avocats entrepreneurs, chefs d’entreprise et responsables politiques comme administratifs de très haut niveau a pour objectif de faire la démonstration que Paris est une grande place de droit et d’innovation. Les avocats incubés à l’incubateur du Paris et nos lauréats du prix de l’innovation 2021 y présenteront leurs projets.

Selon vous, les candidats aux élections ordinales qui se tiennent actuellement se sont-ils suffisamment saisis des enjeux suscités par la numérisation du métier d'avocat dans leurs différentes professions de foi ?

Les craintes sur le secret professionnel et notre régime de retraite ont probablement éclipsé les enjeux liés à l’open data des décisions de justice et à l’intelligence artificielle. Des candidats les ont néanmoins bien identifiés et très vite de nouveaux membres du Conseil vont devoir poursuivre l’effort de transformation numérique dans le respect de nos principes déontologiques. C’est concrètement par la prolongation du plan numérique et par la poursuite des travaux pour un nouvel outil informatique pour les services de l’Ordre que les nouveaux élus vont pouvoir sous l’impulsion du bâtonnier et du vice-bâtonnier travailler utilement. Dans les premières semaines de l’année 2022, grâce à la mobilisation de la commission numérique, de sa membre Clarisse Surin et des directions de la communication et de la déontologie, une nouvelle application appelée MonBarreau&Moi va profondément fluidifier et faciliter l’accès aux services de l’Ordre, à commencer par l’annuaire des avocats du barreau, premier service pour les consultations, depuis toujours.

Sur quels outils est-il selon vous primordial de se positionner dans les prochaines années (legal design, justice prédictive, IA...) pour faire évoluer le métier d'avocat ?

Le numérique doit permettre à l’avocat de mieux travailler, plus efficacement tout en développant son activité. Chacun des outils cités peut permettre de remplir ces usages dans une logique "best of breed », le meilleur outil au mieux de son potentiel. S’il ne fallait n’en retenir qu’un, la justice prédictive est l’outil qui facilement et rapidement permet d’exploiter des décisions de justice avec une datavision qui va aider l’avocat et son client à fixer une stratégie et prendre la meilleure décision dans l’intérêt du client, en toute matière.

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