L'augmentation du pouvoir économique des femmes a été considérable ces dernières années. Elles sont de plus en plus influentes en matière d’économie et accèdent dorénavant à des postes hauts placés. Si la parité ne constitue pas toujours une réalité dans certains pays, des femmes réussissent néanmoins à briser le "plafond de verre" et à s’affirmer. Entretien avec Judith Sebillotte-Legris, associée gérant chez Score Patrimoine.

Décideurs. Comment et pourquoi êtes-vous devenue CGP ? 

Judith Sebillotte-Legris. J’ai débuté les vingt premières années de ma carrière en tant qu’avocate au sein du département droit du patrimoine d’un cabinet réputé. J’ai ensuite dirigé l’ingénierie patrimoniale d’une banque privée, où j’ai pu constater que le bilan patrimonial traditionnel ne s’adaptait pas aux évolutions de la vie ou de la fiscalité. N’arrivant pas à convaincre de l’importance de structurer le patrimoine selon les problématiques du client, j’ai créé mon cabinet en 2007 alliant droit, fiscalité et finance. 

Avez-vous déjà ressenti l’effet "plafond de verre" dans votre carrière ? Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui y sont confrontées ? 

Je ne l’ai pas tellement ressenti en tant qu’avocate. J’ai connu une belle réussite et j’ai été promue directeur associé alors que j’étais encore jeune et que les femmes étaient minoritaires. Par contre, au sein de la banque privée et en tant que femme dans un monde masculin, je n’ai pas eu la sensation d’être écoutée. Finalement, rien n’est impossible ! Il faut oser se battre et ne pas se fixer soi-même de limite. 

Comment imaginez-vous votre métier se transformer à moyen terme ? 

Le métier se structure de plus en plus mais les CGP ne sont pas suffisamment connus du grand public ce qui les empêche d’augmenter leurs parts de marché. Une disparité existe sur la manière d’exercer notre métier qui reste encore trop souvent axé sur la solution et le produit plus que sur le diagnostic et l’analyse. 

Le conseil que vous auriez aimé que l’on vous donne avant de vous lancer ? 

J’aurais aimé mieux connaître le métier de CGP dans sa dimension globale. J’ai dû me former sur le tas et prendre conscience de tous ses aspects, hormis le droit et la fiscalité qui m’étaient déjà familiers.  

Vous souvenez-vous de votre tout premier client ? 

Je me souviens surtout de ma première déception qui m’a beaucoup apporté par la suite. Celle-ci m’a permis d’améliorer la manière d’expliquer mon métier aux clients. Au-delà du conseil, il y a un accompagnement à la structuration et l’optimisation de l’investissement, et ce, dans la durée, ce que les clients ne devinent pas forcément au premier abord. 

Propos recueillis par Juliette Woods et Emilie Zana