L’éditeur de logiciels pour les cabinets d’avocats Jarvis vient de déployer un outil novateur faisant passer une solution de gestion du travail collaboratif à un tableau de bord adapté à la mesure de la performance, Jarvis Analytics. La sortie de cette technologie donne encore plus de légitimité à son dirigeant, Alexandre Yérémian, pour s’inscrire dans un mouvement plus large de réflexion sur la legaltech. Explications.

Lorsqu’on automatise, on soulage l’avocat de ses tâches à faible valeur ajoutée pour qu’il puisse mettre son client au centre de son activité », débute tout de go Alexandre Yérémian, évoquant également sa principale préoccupation. Lorsqu’il crée ­Jarvis en 2013, cet ancien élève du lycée Lakanal gère déjà depuis 2005 la société Intégral Micro, qui déploie des services informatiques aux entreprises et aux collectivités. « Pour Jarvis Legal, nous sommes partis d’une feuille blanche, se souvient-il. Il y a six ans, nous nous adressions à des structures qui travaillaient de manière quasi artisanale. Aujourd’hui, les cabinets d’avocats structurés s’intéressent à notre solution. Reste qu’ils maîtrisent souvent mal leur activité. » Fort de ce constat, Jarvis capitalise sur sa technologie pour offrir une solution qui va au-delà de la gestion numérique d’un cabinet : Jarvis Analytics. « Certains avocats pilotent leur cabinet à l’aveugle. Il leur faut des outils pour identifier les comportements qui débouchent sur des succès ou des échecs », explique cet ingénieur tombé dans le digital agile dès son premier poste chez Peugeot.

Solution de « business intelligent »

C’est ainsi que Jarvis propose depuis octobre 2019 un tableau de bord accessible en temps réel et sur n’importe quel support (Mac ou PC, tableau, smartphone) grâce à son accessibilité en full SaaS : « Avec cet outil, les informations que vous stockez deviennent des indicateurs de performance », détaille le CEO. Il est ainsi possible de mettre en perspective le nombre de dossiers ouverts avec les performances individuelles, les nouveaux clients, le taux de dossiers clôturés, les rendez-vous qualifiés, le chiffre d’affaires attitré pour chaque client, le temps facturé pour chacun d’eux… « Nous offrons l’information constamment à jour des données de la structure pour que le dirigeant de cabinet puisse élaborer sa stratégie de croissance mais aussi la justifier et prévoir sur le long terme. » Pour les clients de Jarvis, l’utilisation de cet outil d’analyse ne nécessite pas de démarche supplémentaire, toutes les données sont déjà intégrées au logiciel, la migration étant réalisée grâce à des moteurs dédiés. Développée en interne par les six informaticiens de Jarvis, la solution de « business intelligent » a été testée pendant deux mois par de vrais utilisateurs avant d’être commercialisée.

Interopérabilité

La technologie cloud utilisée par Jarvis lui permet aussi d’être très ouvert à tout l’écosystème de la legaltech. Après avoir réalisé une levée de fonds d’un million d’euros auprès de la BPI et d’un important business angel, l’éditeur s’investit maintenant dans son environnement professionnel. « Nous sommes un acteur majeur de l’univers de la legaltech, commente Alexandre Yérémian, avec un business model fiable et des milliers d’utilisateurs en France et à l’international. » C’est dans ce cadre que Jarvis est membre de la French Legaltech créée par France Digital. Vingt-trois acteurs du monde du droit et de la technologie se rencontrent et discutent de leur modèle. Alexandre Yérémian a pris en main un sujet d’avenir : l’interopérabilité. « Parce que nous ne sommes pas concurrents, nous voulons nous regrouper pour mutualiser nos outils et nos forces, notamment le développement numérique et commercial. » Une démarche qui présente un avantage notable pour les start-up du droit qui s’adressent aux mêmes professionnels. Mais aussi pour les avocats, qui pourraient, si la démarche aboutit, bénéficier d’une plateforme réunissant différentes solutions toutes reliées entre elles. Cela permettrait à chaque cabinet de se fabriquer sa propre solution sur mesure, comme un iPhone avec toutes ses applications. Pour le moment, 17 solutions participent à ce groupe de travail qui se donne quelques mois de préparation avant de faire naître leur offre commune.

Pascale D'Amore