Être juriste d’entreprise recouvre une telle variété de situations qu’il est difficile de dépeindre cette profession de façon uniforme. Cependant, une constante se détache : la difficulté des missions et le stress au travail sont globalement ­compensés par des conditions d’exercice adaptées à un équilibre de vie.

Depuis longtemps déjà, le juriste est devenu un maillon indispensable au bon fonctionnement de l’entreprise. Au service de la direction générale, les directions juridiques doivent assurer le respect des réglementations et des législations, s’adapter à leurs évolutions tout en gérant la stratégie de la société. Si la charge de travail de ces spécialistes du droit et le niveau de pression qui pèse sur leurs épaules équivalent à ceux des avocats, les conditions d’exercice de leur métier changent par rapport à celles de leurs confrères indépendants.

Une forte implication

Presque 80 % des juristes ayant répondu à l’enquête sont des femmes. Cette féminisation de la profession n’est pas un hasard, le métier offrant beaucoup d’avantages, notamment celui de pouvoir s’organiser facilement, c’est-à-dire se reposer sur des horaires déterminés et ainsi s’assurer un équilibre entre vie privée et vie professionnelle, ce qui n’est pas le cas pour les professions libérales. Cela se traduit par des horaires de travail jugés dans l’ensemble satisfaisants : 35,9 % des répondants les qualifient de bons, 28,2 % de convenables et 24,4 % d’excellents. Seuls 11,5 % de juristes les jugent mauvais. Mais, à la question « Pensez-vous que vous travaillez trop ? », 43,6 % des juristes répondent par l’affirmative. Bien plus que les 11,5 % qui se plaignent des horaires de travail. Cela s’explique certainement par le très haut niveau d’implication qu’ils démontrent à leur entreprise. Le juriste en effet travaille aussi en dehors des heures de bureau.

Pression relative

Si presque la moitié des juristes considèrent travailler trop, ils semblent plutôt bien supporter la pression qui pèse sur leurs épaules : elle serait supportable pour 56,4 % d’entre eux, forte pour 20,5 % et trop forte pour 15,4 %. Enfin, 7,7 % répondent ne pas avoir d’avis sur la question, ayant peut-être du mal à établir une comparaison. Ces chiffres prouvent tout de même que le monde de l’entreprise reste moins oppressant pour les juristes que celui des cabinets d’avocats. L’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée semble plus aisé à atteindre pour les juristes : parmi les individus interrogés, 51,3 % considèrent l’avoir trouvé. Presque 27 % d’entre eux estiment ne pas y être encore parvenus et les 21,8 % restants disent ne pas y parvenir. Ce chiffre global plutôt positif explique peut-être pourquoi 52,6 % des répondants sont prêts à rester dans l’entreprise où ils travaillent actuellement. Une donnée à relativiser puisque les plus jeunes juristes semblent davantage disposés à changer d’entreprise tandis que les juristes plus âgés restent attachés à la stabilité de leur fonction.

Souplesse organisationnelle, pression relative… Les avantages de la profession de juriste sont appréciables mais une ombre au tableau demeure, et pas des moindres : le salaire. Presque 38 % des juristes interrogés le placent en tête des points à améliorer dans leur entreprise, devant le management (18,2 %), les possibilités d’évolution (16,9 %), la répartition des tâches (13 %), l’ambiance (9,1 %) et les locaux (5,2 %). Malgré ce point négatif, ils sont 60,3 % à s’estimer heureux au travail. En réalité, il faut s’attacher au niveau d’expérience pour analyser le niveau de leur bien-être au travail : c’est à partir de 35 ans qu’ils se disent particulièrement heureux dans leur exercice professionnel (83,4 % des 35-45 ans et 66,7 % des 45-55 ans). Autre paramètre faisant évoluer la façon dont ils évaluent leurs conditions de travail : le type d’entreprise. Les juristes des grandes entreprises sont 57,1 % à avoir atteint un équilibre de vie là où ils ne sont que 42,8 % dans les ETI. Sans doute parce que les premiers bénéficient des avantages sociaux des grandes structures…

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