La diversité des modes d’exercice de la profession d’avocat n’exclut pas une constante : le sentiment d’être un maillon incontournable de la société civile et de l’économie française. Raison pour laquelle la majorité d’entre eux se déclarent heureux. Une appréciation qui traduit avant tout une ouverture sur les autres au risque de s’oublier eux-mêmes.

Les avocats sont heureux au travail. Ils sont 67,3 % des répondants à l’affirmer. Une tendance qui se justifie certainement par le sentiment d’exercer une profession utile, quelles que soient leur spécialité et leur clientèle. C’est d’ailleurs le principal leitmotiv des étudiants visant ce métier, même si leur parcours ne les emmène généralement pas à défendre la veuve et l’orphelin. Ils se montrent souvent stratèges, parfois urgentistes : protection des actifs d’une entreprise, respect des règles de concurrence, application des règles de droit du travail, financement de projets, réalisation de transactions financières, négociation de contrats commerciaux, lutte judiciaire, défense des intérêts privés et publics, etc. C’est dans leur efficacité à entretenir le lien social et à participer au développement de l’économie que réside leur bonheur à exercer la profession d’avocat, et ce, quels que soient le type de cabinet, sa localisation et sa spécialité.

Heureux dans la tâche

Un bémol tout de même : les collaborateurs sont moins nombreux à se déclarer heureux (59,1 %) que leurs confrères associés (85,8 %) et les counsels (87,5 %). Les salariés quant à eux (quel que soit leur niveau de séniorité) sont particulièrement heureux (72,8 %). Sauf que peu de cabinets proposent des contrats de travail salarié, la profession étant intrinsèquement libérale.

Cette caractéristique est fondamentale pour évaluer le bien-être des avocats. Le paradigme à accepter, pour eux, est d’être indépendants tout en acceptant les contraintes liées à l’organisation d’un cabinet et notamment, pour ceux exerçant dans des cabinets d’affaires, respecter un nombre d’heures facturables minimum. Les sondés ont même souvent confié, dans des réponses libres, que, selon eux, il n’existait pas de structures où il fait bon d’exercer, ou encore que le bonheur ne se trouve qu’en fondant son propre cabinet. Ces remarques, nombreuses, corroborent leur tiraillement entre le sentiment d’être heureux et celui de travailler trop (pour 50,5 % d’entre eux) ou leur impossibilité de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée (ce qui est le cas pour 45,5 % des sondés). Certains ne désespèrent pas puisqu’ils sont 30,7 % à indiquer ne pas l’avoir encore trouvé.

À y regarder de plus près, on note que l’équilibre de vie serait plus facile à atteindre dans les cabinets de niche (60 % des avocats y exerçant disent l’avoir trouvé), dans des cabinets full service français (55,8 %) et dans des petits cabinets (42,8 %), que dans des firmes internationales (13,3 %). 

L’indépendance avant tout

Les chiffres ne mentent pas : le bien-être des avocats réside dans leur indépendance. Quel que soit le temps passé au cabinet et même avec une charge importante de travail, ils sont satisfaits de leur travail lorsqu’ils ont le sentiment de rendre un service de qualité. Le rythme soutenu de leur activité ne les empêche pas de juger majoritairement supportable la pression qui pèse sur leurs épaules (pour 62 % des répondants), qu’ils exercent à Paris ou en province. Raison pour laquelle ils affirment à plus de 66 % vouloir poursuivre leur carrière dans leur structure actuelle. Une proportion en contradiction avec l’important volume de mouvements d’avocats chaque année (encore en hausse chez les associés entre 2017 et 2018 selon le baromètre publié par Day One) incités par des professionnels du recrutement à trouver leur bonheur ailleurs. « Globalement, les besoins des cabinets sont toujours aussi variés qu’il y a dix ou vingt ans: certains cherchent des avocats poursuivant pour principal objectif de travailler sur de belles transactions sans compter leurs heures, d’autres proposent des conditions d’exercice souples pour attirer les talents », confie Arnaud de Bonneville, associé chez Tillerman Executive Search. Ce qui change en revanche, c’est le souhait de diversité et de parité dans les équipes, aussi difficile à exaucer que celui de trouver un mouton à cinq pattes.

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