Depuis l’annonce de sa dernière levée de fonds en décembre 2021, l’application de paiement est désormais valorisée plus d’un milliard d’euros. Forte de cette reconnaissance, la pépite de la French Tech nourrit désormais de grandes ambitions à l’échelle européenne, voire internationale.

"Je te fais un lydia ?" Voici une formule qui revient de plus en plus souvent au moment de régler l’addition. Déjà, un tiers des 18-35 ans déclare utiliser l’application digitale de paiement. Et dans les années à venir, cette question pourrait devenir on ne peut plus banale. Chaque mois, Lydia recense 150 000 nouvelles personnes conquises et comptabilise 6 millions d’utilisateurs, pour un total de 5 milliards d’opérations de paiement par an. 

Intuitif, son fonctionnement permet une adoption rapide. L’outil est téléchargeable sur n’importe quel smartphone. Dès lors que le payeur et le destinataire possèdent un compte Lydia, le paiement entre les deux usagers est facilité. De fait, tout compte Lydia relie les moyens bancaires, carte et RIB, au numéro de téléphone d’un utilisateur. Ainsi, un paiement peut être effectué sans même connaître le nom du bénéficiaire. Le secret du succès : l'instantanéité. Les comptes sont respectivement débités et crédités en temps réel.

Chaque mois, Lydia recense 150 000 nouvelles personnes conquises et comptabilise 6 millions d’utilisateurs, pour un total de 5 milliards d’opérations de paiement par an

Lancée en France en 2013, l’application Lydia a progressivement séduit de nombreux investisseurs, dont le géant chinois Tencent, valorisé près de 500 milliards de dollars, qui lui ont permis, après avoir levé successivement 112 millions d’euros en 2020 puis 91 millions d’euros en 2021, d’entrer dans le cercle fermé des licornes françaises. 

Désormais, outre les facilités de paiement entre particuliers utilisées comme produit d’appel, Lydia compte sur ses services payants pour générer plus de profits en enclenchant une seconde phase de développement. En effet, au-delà de son offre initiale, disponible gratuitement, son portefeuille de services se diversifie. Tout d’abord, afin de dépasser les vingt opérations mensuelles et les mille euros dépensés, l’entreprise propose des options payantes spéciales. De plus, bien qu’il ne s’agisse pas d’une banque au sens propre, certaines de ses activités s’en rapprochent avec des offres permettant de recevoir une carte de paiement liée à un compte courant, un crédit à la consommation (jusqu’à 3 000 euros) ou une solution d’épargne rémunérée. Des services qui sont déjà utilisés par deux millions de personnes et qui confirment l’engouement des utilisateurs évoluant des banques classiques vers des services en lignes. Depuis 2021, l’application permet aussi d’échanger des cryptomonnaies, des valeurs boursières ou des métaux rares. Le service n’est pas gratuit mais garantit les meilleurs prix du marché à ses clients qu’ils soient néophytes ou des investisseurs chevronnés.

Le but est de pouvoir concurrencer pleinement les banques traditionnelles ou leurs concurrents européens pour atteindre les 10 millions de clients en Europe

L’entreprise fait maintenant feu de toutes ces ambitions. Tout d’abord d’un point de vue salarial, elle souhaite créer 800 postes afin d’atteindre 1000 salariés à l’horizon 2025. Le but est de pouvoir concurrencer pleinement les banques traditionnelles ou leurs concurrents européens pour atteindre les 10 millions de clients en Europe, avec l’Espagne comme première cible.  Mais, au-delà, l’objectif de Lydia est "d'écrire le futur des services bancaires" , selon Cyril Chiche, cofondateur et PDG de la structure. Celui-ci prévoit une révolution des services bancaires où "les consommateurs auront accès à des applications numériques de haut niveau, très différentes de ce que nous trouvons aujourd'hui, et qui ressembleront à des plateformes technologiques de services". Il va plus loin encore et compare le système actuel des établissements de financement à celui de la grande distribution avant le développement de la vente en ligne : "Nous retrouverons des acteurs bancaires déjà forts dans le cycle précédent et de nouveaux acteurs nés avec le nouveau cycle. Regardez le e-commerce : les deux leaders sont Amazon et Walmart, l'ancien patron de la grande distribution ! La banque vit aujourd'hui un moment qui ressemble aux débuts de l'e-commerce." Ainsi, après avoir amorcé son lancement d’application bancaire complète, l’entreprise de paiement compte bien faire partie du grand bouleversement bancaire qui s’annonce.

Tom Laufenburger